Comment négocier le prix d’acquisition d’une entreprise en période de volatilité grâce au « Earn-Out » ?
- Maxime Lévesque, Adm.A, CBV/EEE
- Apr 10
- 3 min read

Qu’est-ce qu’un « Earn-Out » ?
Un « Earn-Out », que l’on peut traduire en français par "clause de complément de prix", est une disposition contractuelle fréquemment utilisée dans les opérations de fusion-acquisition (M&A). Cette clause prévoit qu’une partie du prix d’acquisition soit conditionnée à l’atteinte d’objectifs financiers ou opérationnels précis par l’entreprise acquise, après la transaction.
L’objectif principal de l’« Earn-Out » est de réduire les incertitudes liées à la valorisation d’une entreprise, en alignant les intérêts des vendeurs et des acheteurs sur la performance future de celle-ci.
En des termes simples, cela signifie qu’une partie du prix de vente sera payée ultérieurement, uniquement si certains résultats futurs sont atteints.
Dans quel contexte utilise-t-on une clause d’« Earn-Out » ?
Les clauses d’« Earn-Out » sont particulièrement pertinentes dans des situations où l'avenir de l’entreprise est incertain. Voici quelques exemples de contextes où leur utilisation peut être judicieuse :
Incertitude économique : Une volatilité importante des marchés pourrait affecter les revenus futurs de l’entreprise.
Changement récent du modèle d’affaires : Si l’entreprise a récemment modifié sa stratégie, le vendeur pourrait s’attendre à une forte croissance des ventes à court terme, mais cela reste incertain pour l’acheteur.
Dépendance à des employés clés : Si le départ d’un ou plusieurs employés essentiels pourrait compromettre le fonctionnement de l’entreprise.
Concentration des revenus sur un seul client : Si l’entreprise dépend fortement d’un client unique et qu’il n’existe pas de contrat à long terme pour sécuriser ces revenus.
Comment calculer et structurer une clause d’« Earn-Out »?
La mise en place d’une clause d’« Earn-Out » se fait généralement en deux étapes principales :
1ère étape : Calculer la valeur de l’« Earn-Out »
Pour cela, il faut :
Définir la période d’incertitude : pendant combien de temps les résultats futurs de l’entreprise seront-ils évalués ? Cela peut être 1, 2, 3 ou 5 ans.
Estimer deux scénarios possibles :
La valeur actuelle de l’entreprise si le scénario optimiste (prévisions du vendeur) ne se réalise pas.
La valeur future de l’entreprise si le scénario optimiste se concrétise dans 1, 2 ou 3 ans.
Calculer la différence de valeur entre les deux scénarios.
Cette différence représente le montant potentiel de l’« Earn-Out ».
2e étape : Structurer les modalités de paiement
Déterminer le prix initial payé lors de la clôture de la transaction, basé sur la valeur actuelle (scénario pessimiste).
Répartir le montant de l’« Earn-Out » sur la période définie, avec des paiements conditionnels à l’atteinte des objectifs fixés.
Exemple concret d’une clause d’« Earn-Out »
Prenons l’exemple de la société ABC Inc.:
Valeur actuelle (basée sur la croissance historique) : 4 M$
Valeur future potentielle (si les prévisions se réalisent) : 7 M$
Voici les modalités possibles d’un « Earn-Out » :
Prix de vente | Modalités de paiement |
À la clôture de la transaction | 4 M$ (valeur actuelle) |
1er anniversaire | Si ABC Inc. atteint un chiffre d’affaires de 7,5 M$, un paiement additionnel de 1 M$ sera effectué. |
2e anniversaire | Si ABC Inc. atteint un chiffre d’affaires de 8,3 M$, un paiement additionnel de 1 M$ sera effectué. |
3e anniversaire | Si ABC Inc. atteint un chiffre d’affaires de 9 M$, un paiement additionnel de 1 M$ sera effectué. |
Prix de vente total après 3 ans :
Si les projections ne se réalisent pas : 4 M$
Si les projections se réalisent : 7 M$
Conclusion
La clause d’« Earn-Out » est une solution flexible pour résoudre les divergences de valorisation entre acheteurs et vendeurs dans un contexte de volatilité ou d’incertitude. Elle peut être adaptée à plusieurs types de conditions, comme un pourcentage progressif des ventes, le maintien d’un certain nombre d’employés, ou d’autres critères spécifiques à l’entreprise. Un taux d’actualisation pourrait également être considéré pour tenir compte des périodes.
Cependant, il est déconseillé d’associer l’« Earn-Out » à des indicateurs tels que le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements), car les dépenses opérationnelles sont souvent contrôlées par l’acheteur, ce qui peut biaiser les résultats.
La réussite d’un « Earn-Out » repose sur une définition claire et précise des objectifs à atteindre, ainsi que sur une communication transparente entre les parties.