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Démystifier l’évaluation d’entreprise pour banquiers et entrepreneurs

  • Photo du rédacteur: Maxime Lévesque, Adm.A, CBV/EEE
    Maxime Lévesque, Adm.A, CBV/EEE
  • 15 juil.
  • 4 min de lecture

Imaginez : un entrepreneur passionné souhaite vendre son entreprise, persuadé qu’elle vaut bien plus que ce que le marché semble offrir. En face, un banquier prudent doit s’assurer que le financement repose sur une valeur objective et défendable. Entre ces deux mondes, l’évaluation d’entreprise devient le langage commun, la boussole qui guide la négociation et sécurise la transaction.


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Pourquoi l’évaluation d’entreprise est cruciale pour les PME au Québec


L’évaluation d’entreprise n’est pas qu’une formalité : c’est un outil stratégique pour toute décision majeure, qu’il s’agisse de vente, de relève, de financement ou de litige. Elle permet d’établir une valeur objective, d’éviter les pièges de la surévaluation ou de la sous-évaluation, et de bâtir la confiance entre les parties.


Démystifier les mythes : le piège du multiple


Il est courant d’entendre que la valeur d’une PME se résume à un simple multiple du BAIIA. Cette approche, bien que répandue, est souvent trop simpliste. Chaque entreprise possède ses propres risques, forces et faiblesses. Appliquer un multiple générique peut mener à des écarts importants par rapport à la réalité du marché. La vraie valeur se construit sur une analyse approfondie, adaptée à la situation unique de chaque PME.


Les facteurs qui font vraiment la différence


La valeur d’une PME ne se résume pas à ses chiffres. Voici ce qui influence réellement la JVM:


  • Diversification de la clientèle et des fournisseurs : Moins de dépendance = moins de risque.

  • Récurrence des revenus : Des revenus prévisibles rassurent banquiers et acheteurs.

  • Ententes contractuelles : Des contrats à long terme sécurisent les flux futurs.

  • La réputation : Une bonne réputation laisse sous-entendre que l’entreprise est perçue comme moins risquée que ses concurrentes.

  • Autonomie de l’équipe : Une entreprise qui fonctionne sans son propriétaire inspire confiance.

  • Qualité des immobilisations corporelles : Des actifs de qualité peuvent réduire les besoins en réinvestissement.

  • Gestion des comptes à recevoir: Une bonne gestion des comptes à recevoir peut diminuer les besoins en fonds de roulement.



Le processus d’évaluation : rigueur et objectivité


L’évaluation d’une PME passe par plusieurs étapes :


  1. Analyse financière : Étude des états financiers, normalisation du BAIIA, identification des ajustements nécessaires.

  2. Discussions avec la direction : Comprendre l’entreprise au-delà des chiffres

  3. Analyse qualitative : Forces, faiblesses, menaces et opportunités. (SWAT)

  4. Choix de la méthode : Approche par les bénéfices, par le marché ou par l’actif, selon la

    situation.


Étude de cas

La PME familiale en région – De la surestimation à la transaction réussie


En 2023, une PME familiale spécialisée dans la fabrication de pièces mécaniques en région québécoise se prépare à la relève. Le propriétaire, M. Tremblay, approche la retraite et souhaite vendre l’entreprise à un groupe d’investisseurs locaux. Il estime la valeur de son entreprise à 2,5 millions $, principalement sur la base de ses besoins personnels pour la retraite et de comparaisons informelles avec d’autres entrepreneurs de son réseau.


Contexte et faits


  • Entreprise : 25 employés, chiffre d’affaires stable autour de 3,2 millions /an, BAIIA moyen de 400 000/an sur les trois dernières années.


  • Clientèle : 60 % du chiffre d’affaires provient d’un seul client industriel.


  • Équipe : Forte dépendance à M. Tremblay pour la gestion des opérations et la relation client.


  • Situation : Aucun contrat à long terme, mais une réputation solide dans la région.


Problématique


Les investisseurs potentiels, accompagnés de leur banquier, jugent le prix demandé trop élevé. Ils s’inquiètent de la dépendance à un client unique et du risque lié au départ du propriétaire. Le financement bancaire est conditionnel à une évaluation indépendante.


Démarche d’évaluation


Un expert CBV/EEE est mandaté pour réaliser une évaluation objective.


  • Analyse financière : Normalisation du BAIIA (ajustement des salaires, dépenses personnelles, etc.), analyse de la rentabilité et de la structure de coûts.


  • Analyse qualitative : Identification des risques majeurs (client unique, absence de contrats, dépendance au propriétaire).


  • Méthode retenue : Approche par les bénéfices, avec application d’un multiple de marché ajusté pour refléter le risque spécifique de l’entreprise.


  • Résultat : La valeur marchande estimée se situe entre 1,3 et 1,5 million $, soit bien en deçà des attentes initiales de M. Tremblay.


Décision et résolution


  • Négociation : L’évaluation indépendante sert de base à la discussion. M. Tremblay comprend que la valeur perçue par le marché diffère de ses attentes personnelles.


  • Actions correctives : Pour augmenter la valeur, il accepte de rester comme consultant pendant 18 mois, le temps de transférer les relations-clés et de diversifier la clientèle.


  • Transaction : Un compromis est trouvé à 1,6 million $, incluant une clause de complément de prix (« Earn-Out ») si de nouveaux contrats sont signés dans les deux ans suivant la vente.


Enseignements tirés


  • Pour l’entrepreneur : L’importance de se préparer tôt, de documenter les processus et de réduire la dépendance à sa personne.


  • Pour le banquier : La valeur d’un rapport d’évaluation préparé par un Expert en Évaluation d’Entreprise (EEE) rigoureux réside dans sa capacité à sécuriser le financement et à rassurer toutes les parties prenantes.


  • Pour les deux parties : L’évaluation indépendante permet de dépasser les biais émotionnels et d’aboutir à une transaction équitable et durable.



Ce cas illustre comment une démarche structurée d’évaluation, centrée sur les réalités du marché et les risques spécifiques, permet d’éviter les échecs transactionnels et de maximiser la valeur pour toutes les parties impliquées.


L’évaluation d’entreprise, c’est bien plus qu’un chiffre : c’est un processus rigoureux qui protège toutes les parties et crée de la valeur durable. Que vous soyez banquier ou entrepreneur, entourez-vous d’experts qualifiés (CBV/EEE) pour naviguer ce processus complexe et maximiser vos chances de succès.



 
 
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